C’est la cinquième entité réferencée qui correspond au coeur du Pays Plateau de Caux Maritime et dont les limites sont celles des paysages des plateaux sud et maritime. Ce paysage est tout d’abord un vaste plateau agricole, caractérisé par de la polyculture, mais c’est aussi un territoire ponctué d’une myriade de petits bosquets, d’alignements d’arbres, de clos-masures et de petits bourgs. C’est enfin un paysage qui ondule en permanence, qui n’est jamais vraiment linéaire, jamais vraiment dégagé et toujours surprenant.
La surface de cette entité paysagère, qui conserve un caractère encore très rural et traditionnel, englobe un territoire d’environ 30 à 35 kms de large pour 20 à 25 km de long. Ce qui en fait la plus importante de tout le pays. La structure générale du paysage se caractérise par un mitage généralisé avec une implantation irrégulière des villages et de la végétation. L’urbanisation s’est dispersée sur l’ensemble du territoire, souvent protégée des vents d’ouest par des alignements d’arbres. Ainsi, si la première image du territoire est celle d’un paysage qui semble fortement boisé, il n’en n’est finalement rien. Tout ceci est un jeu de leurre car le plateau se distingue par l’absence de grands boisements structurants.
Alors d’où vient cette impression de densité, d’omniprésence de la structure végétale ? Principalement de ce qui fait la singularité de ce pays, c’est-à-dire les clos-masures et les alignements de hêtres qui fonctionnent comme des décors de théâtre derrière lesquels se cachent soit des villages, soit des fermes entourées de prairies pâturées et agrémentées de quelques pommiers à cidre soit des voies d’accès aux grandes propriétés du pays. C’est donc un paysage très secret qui ne se dévoile qu’à la condition de s’échapper des grands axes pour se perdre dans le dédale de ses petites routes.
Ce plateau nous présente donc deux visages distincts : une première lecture du site offre un paysage étendu, plutôt linéaire et ponctué de rideaux d’arbres derrière lesquels s’abritent les habitations. C’est le paysage que l’on a lorsque l’on emprunte les deux départementales qui mènent directement à la mer. Celle qui passe par Yerville pour filer tout droit jusqu’à Veules-les-Roses et la seconde qui passe par Motteville et Doudeville pour gagner Saint-Valéry-en-Caux.
La seconde lecture du site consiste à emprunter le réseau de petites routes et à s’y perdre. On découvre alors un pays au relief très changeant avec une multitude d’évènements qui viennent ponctuer les horizons. Ces horizons qui ne sont que très rarement dégagés. Le paysage varie ainsi en permanence et l’on découvre tour à tour un clos-masure qui se dresse majestueusement sur le plateau agricole, quelques arbres dans le fond d’une légère dépression, un somptueux alignement de hêtres qui traverse un champ de lin ou de colza, quelques bosquets qui s’egrènent le long du plateau et enfin des villages qui jouent à cache cache avec la végétation et le promeneur. C’est un territoire rural riche d’une diversité végétale, agricole et architecturale exceptionnelle, dont les vues sont en permance structurées par la végétation, et où le sol ondule continuellement, offrant ainsi au regard des paysages qui évoluent sans cesse.
Ce territoire est encore très préservé et subit peu la pression foncière qui gagne le sud du territoire. Cependant cette richesse végétale et patrimoniale qui fait aujourd’hui sa grande valeur tend à vieillir et parfois à se dégrader. Il importe alors de vraiment s’interroger sur le devenir de ce patrimoine si l’on veut conserver ce cadre de vie et les spécificités du territoire, comme par exemple les clos-masures.
